Cet ouvrage propose une perspective nouvelle sur l’œuvre du cinéaste japonais Yasujirô Ozu. S’inscrivant dans la tendance actuelle des approches philosophiques du cinéma, l’ouvrage est construit autour de la profonde affinité du style d’Ozu avec la pensée du désœuvrement énoncée par Giorgio Agamben.
Gosses de Tokyo, Le fils unique, Récit d’un propriétaire, Été précoce, Voyage à Tokyo et Bonjour constituent le cœur de cette étude dédiée au cinéaste japonais Yasujirô Ozu. La singularité remarquable de son œuvre – sa virtuosité formelle, sa cohérence thématique – est bien souvent abordée à partir d’une dissociation entre son style et son intérêt persistant pour la famille dans le Japon qui lui était contemporain.
Confronter la profondeur de la pensée du cinéma par le cinéma dont témoigne la réalisation d’Ozu au traitement de la précarité des communautés familiales permet de saisir la portée éthique de ses films. On y retrouve autant l’attention d’Ozu pour la vie collective que le soin qu’il porte aux potentialités expressives du cinéma, à commencer par sa disposition emblématique à (re)produire le mouvement.
Procédant au désœuvrement de l’expressivité de son médium, Ozu révèle la capacité du cinéma de donner lieu à des mondes à partir de leur teneur sensible : c’est cette figure de l’impuissance du cinéma que retrace ce livre.
Introduction
Désœuvrer l’expressivité du cinéma
Les limites de la raison anti-orientaliste
I. Logique médiatique de la destruction
Gosses de Tokyo : les personnages et la prise cinématographique
Une auberge à Tokyo : la puissance du faux
Le goût du riz au thé vert : où vont les émotions si elles ne sont pas dans le mélodrame ?
II. Unité familiale et médium cinématographique
Les frères et sœurs Toda : la famille comme « lieu relationnel »
Récit d’un propriétaire : amour (filial), singularité, contingence
Été précoce : (dis)continuité filmique et éclatement familial
Dispositif cinématographique et communauté
III. Innovations techniques et primitivité du cinéma
La technique moderne comme conditionnement
Le rouge de Fleurs d’équinoxe
Le fils unique : le parlant comme déception
Une réussite sociale minée par le bruit
L’intrusion de La vie tendre et pathétique
La déception du parlant
IV. Bonjour, le cinéma et le régime médiatique de la télévision
Passage par Tokyo-ga : quel ordre pour quelles images ?
Un cinéma aux confins de l’ordre et du désordre
Plaisanter avec le sens : le mime, les pets et la prière
Télévision et expérience du commun
Les expressions anglaises : « I love you! », dit Isamu
V. Voyage à Tokyo : désœuvrer l’expressivité du cinéma
L’invisibilité de Tokyo : un séjour impossible
La visite en autobus : un point de vue impersonnel
Noriko, Shigé et le temps
Sur la passerelle d’Ueno : qu’est-ce qu’un mouvement ?
Un cinéma « communautaire » : la manière d’Ozu
Conclusion
Filmographie d’Ozu Yasujirô
Bibliographie
27,00 € TTC
Presses Universitaires de Strasbourg
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